Un texte de Carole
Zalberg
Désir, amour et sensualité, fusion des corps en un Nous, un toi et moi à corps battant... Un texte inédit qui nous est offert ici par Carole Zalberg.
Quand tes doigts
effleurent mes lèvres, mon amour, les parcourent lentement, je suis la bouche
aussitôt affamée et je suis la pulpe chaude, palpitante, prête à la fouille,
lisant le relief, tel l’aveugle, avant d’entrer.
Quand ils me fouillent,
mon amour, tes doigts, ici ou là, je suis la cavité frémissante qui
t’accueille, te veut, se resserre et te retient, et je suis tes mains
amoureuses de l’humide en moi, voulant encore et toujours la soie et la
brûlure, la mer intérieure, mon avidité.
Quand ta bouche est
partout sur moi, mon amour, je suis les paupières recueillies, les seins denses
au souvenir de tes lèvres, à l’imminence de leur venue, je suis le creux du
ventre doux, la taille aimant être saisie et serrée, les fesses pleines,
taillées pour la dévoration, je suis les plis secrets que ta salive irrigue et
réveille, et je suis ta langue précise, ta langue douce et dure, ta langue
voyageuse. Je suis l’eau qui dort et la tempête qui la soulève. Je suis ta
langue heureuse, mon amour, et mon corps en arc tremblant, ma peau inondée.
Quand ton sexe me
pénètre, mon amour, avant ou après tout cela suivant qu’il est pressé ou
patient, suivant qu’il est joueur ou veut aussitôt la fusion, je suis ce qui
t’avale et je suis ton membre, ses battements contre mes parois, je suis ses
va-et-vient au plus profond.
Je suis toi et moi à
chaque seconde de nos moindres gestes, dans la fureur de nos étreintes ou leur
tendresse qui toujours m’émeut.
Et tu es moi autant que
toi, je le sais, je le sens alors que tu me goûtes et me prends en te donnant.
Je le sais et le sens et le vois à ton regard rivé au mien qui ne lâchera pas
le tien.
Là, dans ce flux tendu
de tes yeux à mes yeux, frémit ce que nous inventons : un plaisir aux contours
abolis, ivre de mélange, emporté par la beauté de l’un dans l’autre.
Car telle est la nature
de ce désir insensé : une faim prenant hors les corps, là où nous nous aimons.
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